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La Musique Contemporaine s'invite dans les Collèges & Lycées

Édition 2013

Les six œuvres retenues cette année par le jury de sélection et proposées aux lycéens couvrent un domaine relativement étendu mais dénotent quelques lignes de force de la musique contemporaine « d’aujourd’hui ». Il y a loin, à première vue entre le lyrisme des Leino Songs de Kaija Saariaho et les sonorités rugueuses et saturées de Tract de Raphaël Cendo. Pourtant, ces deux œuvres, au-delà de leurs différences qui sautent aux oreilles, procèdent d’une réflexion très actuelle du compositeur sur le son, exploré de l’intérieur, considéré comme un objet connaissable et dont on va tirer diverses conséquences. Pendant longtemps, la modernité musicale aura été associée à un travail sur les hauteurs, les durées et les structures. Il devait revenir à la musique électroacoustique d’une part, puis au courant spectral qui se développe dans les années 1970 d’approfondir le travail sur le son lui-même, tel que chacun peut le percevoir avec ses caractéristiques, dont la plus évidente est le timbre. On ne s’étonnera pas de trouver dans notre sélection deux « anciens », Michaël Levinas, un des pionniers du spectralisme, qui met ici sa longue expérience au service d’une nouvelle théâtralité, avec La Métamorphose, et Kaija Saariaho, d’apparence plus classique, qui enchâsse une voix de soprano dans un superbe écrin orchestral.

Et la comparaison sera fertile entre l’orchestration des Leino Songs et Le diapason de satin de Dominique Lemaître, où il ne s’agit plus d’exprimer le lyrisme d’un texte mais de donner à voir par le timbre et la texture instrumentale comme l’équivalent non d’un poème mais d’un tableau surréaliste. Avec Saariaho et Lemaître, le compositeur ne crée pas un événement pur et abstrait mais travaille à la représentation d’un sentiment ou d’une image.

Avec Lierre de Frédéric Pattar, qui appartient déjà à une autre génération, les considérations sur le timbre, ou plutôt sur les jeux de timbres d’un instrument acoustique et d'un clavier électronique sont eux aussi d’origine spectrale. Chez Pierre Jodlowski et Raphaël Cendo, de nouvelles préoccupations se font jour. Chez Jodlowski, outre une sorte de « post-stravinskysme » assez rare aujourd’hui pour être signalé, la prise en compte de l’acte théâtral de l’interprète, la gestuelle de l’instrumentiste ne faisant plus écran entre le spectateur et la musique, au contraire de l’interprétation romantique, mais étant une de ses conditions. Chez Cendo, un travail purement sonore (le son encore, dans sa version saturée) débouchant sur une poétique contemporaine radicale dans sa brutalité.

Jacques Bonnaure

Comité de Sélection

Le Comité de sélection du 14ème Grand Prix Lycéen des Compositeurs s'est réuni le 12 septembre 2012 ; il était composé de :

  • Florence Blanc-Canty, professeur d’Éducation musicale au lycée Guillaume Apollinaire de Thiais
  • Jacques Bonnaure, journaliste à La Lettre du Musicien
  • Bertrand Chamayou, pianiste
  • Xavier Delette, chef d’orchestre et directeur du CRR de Paris
  • Arnaud Merlin, producteur radio à France Musique
  • Franck Mallet, journaliste à Classica

 

La sélection

 

Textes de Jacques Bonnaure.

Sélection lycée
Lauréat 2013

Leino Songs

Œuvre sélectionnée : Leino Songs, pour soprano et orchestre

Durée : 12’24

Année de composition : 2007

Création : Les Leino Songs ont été créés séparément par Anu Komsi, soprano, entre 2001 et 2007 dans leur version originale pour voix et piano. Ils ont été orchestrés ultérieurement.

Interprètes : Anu Komsi, soprano / Orchestre Symphonique de la Radio finlandaise, direction Sakari Oramo

Disque : D'Om le vrais sens. Laterna magica. Leino Songs.

Label Ondine (ODE1173)

Plages : n° 8 à n° 11 incluse

Partition : Chester Music


Les quatre Leino Songs sont écrits sur des poèmes de l’écrivain finlandais Eino Leino (1878-1926). Les titres mêmes de chaque poème « Je te contemple », « Non cœur », « Paix », « Prière du soir » disent assez leur caractère lyrique et personnel. Autour de l’amour, la mort, la nature, ces grands thèmes de la lyrique éternelle, Leino a inventé un texte profondément original, à la fois très lisible et loin de tout poncif. Quant à la musique, elle se situe dans la descendance d’autres grands cycles pour voix et orchestre, comme les Wesendonck Lieder de Wagner ou les Quatre derniers Lieder de Richard Strauss. Longs mélismes fondés sur le souffle, tessiture très large et occasionnellement stratosphérique, reposant sur un support orchestral jamais envahissant, reflétant souvent lui-même la blancheur de la voix. Une conception générale issue du spectralisme est ici mise au service d’une nouvelle expressivité.

Kaija Saariaho (1952-2023)

La compositrice finlandaise s’est installée en France depuis 1982. Elle avait auparavant travaillé avec Paavo Heininen à l’Académie Sibelius d’Helsinki, puis à Freiburg avec Brian Ferneyhough. Venue à Paris, elle s’intéresse aux travaux informatiques de l’Ircam. Elle va travailler auprès de Tristan Murail et Gérard Grisey. La musique spectrale constitue pour elle une révélation qui influencera sa technique de composition. Comme de nombreux compositeurs de son époque,  la création informatique et électroacoustique n’a pas été sans influence sur son travail instrumental. Ses partitions pour orchestre portent la marque de la souplesse et de la riche inventivité induite par la musique électroacoustique. Muni de ce bagage technique et syntaxique nouveau,  elle a su développer, notamment dans sa musique vocale et lyrique, une expression personnelle,  et raffinée. Depuis une douzaine d’années, elle a tout naturellement enrichi le répertoire lyrique d’ouvrages extrêmement séduisants : L’Amour de loin, Adriana Mater, Émilie.

Tract

Œuvre sélectionnée : Tract, pour 8 instruments

Durée : 11’16"

Année de composition : 2007

Création :  en 2007 par l’Ensemble Cairn, dirigé par Guillaume Bourgogne, à qui l’œuvre est dédiée.

Interprètes : Ensemble Cairn, direction Guillaume Bourgogne

Disque : Furia

Label Æon/Outhere (AECD 1224)

Plage : n° 8

Partition : Éditions Gérard Billaudot


Le titre du CD, Furia, du nom d’une autre pièce plus récente, est en soi un programme. Le titre de l‘œuvre, Tract, semble également évoquer quelque action militante. La photo de couverture évoque d’ailleurs un univers urbain violent et détraqué. La conception sonore, comme souvent chez Raphaël Cendo est  radicale. Il travaille à la fois sur la saturation du son, sur l’effet de masse, sur la déformation de la sonorité de l’ensemble instrumental jusqu’à donner l’impression d’un corps sonore abstrait de la réalité instrumentale, et qui acquerrait presque les qualités d’un matériau électro-acoustique. Pour atteindre ce but extrême, les instrumentistes sont invités à jouer dans l’urgence, à abdiquer leur individualité jusqu’à se rendre souvent méconnaissables afin de concourir à ce son global violent, apparemment indéterminé. La pièce est subtilement composée et ménage quelques plages de calme-sinon de sérénité-comme pour laisser aux musiciens le temps de reprendre leur souffle, échapper à l’uniforme rapidité.

À lire : Interview de Raphaël Cendo par Laurent Vilarem sur le site www.altamusica.com (12 novembre 2009)

Raphaël Cendo (1975)

Après des études de piano à l’Ecole Normale de musique de Paris, couronnées par un diplôme en 2000, il entre dans la classe de composition du CNSMD de Paris et, parallèlement suit le cursus d’informatique musicale de l’Ircam. Il travaillera avec Allain Gaussin, Brian Ferneyhough, Fausto Romitelli et Philippe Manoury. Dès le début de sa carrière, ses œuvres ont été jouées par les ensembles spécialisés les plus reconnus (L’Itinéraire, l’Ensemble Intercontemporain, Ictus, Cairn, le Nouvel Ensemble Moderne, les Percussions de Strasbourg, Musikfabrik, Alternance), mais aussi par de grands orchestre de renommée internationale. Les œuvres de Raphaël Cendo ont été entendues dans de nombreux festivals de musique contemporaine en France et à l’étranger. Sa carrière a été récompensée en 2007 par le Prix Espoir de la Fondation Francis et Mica Salabert et au Concours International de composition de l’Orchestre symphonique de Montréal.

A partir de 2008, il a enseigné la composition au Conservatoire de Nanterre. Pensionnaire à la Villa Médicis (2009-2011), il a été ensuite invité à enseigner au Cours d’été de Darmstadt. La musique de Raphaël Cendo explore actuellement la saturation du son.

Drones

Œuvre sélectionnée : Drones, pour ensemble de  15 instruments 

Durée :16’ 21

Année de composition : 2007

Création :   a été créé en 2007 par l'Ensemble intercontemporain dirigé par Susanna Mälkki.

Interprètes : Ensemble intercontemporain, direction Susanna Mälkki

Enregistrement : Drones. Barbarismes. Dialog / No Dialog.

Label Kairos Music Production (0013032KAI)

Plage : n° 1

Partition : Éditions Jobert

Commande de l’Ensemble intercontemporain

Coproduction : Ircam-Centre Pompidou, Ensemble intercontemporain et Kairos


« Le terme “drones” est emprunté à l’anglais et désigne littéralement un “bourdonnement”, bruit parasite. L’origine de ce mot provient du moyen-âge où ce mot est associé à la musique et caractérise la technique du faux-bourdon, à l’aube de la polyphonie. Il désigne également les avions furtifs, exploités dans les conflits modernes. En outre, on emploie souvent “drones” pour évoquer les soubassements sonores qui hantent les films de David Lynch… Ce sont l’ensemble de ces significations qui trouvent de nombreux échos dans cette musique. » (P.J.)

 

 

Outre ces références, on pourra remarquer dans cette œuvre le goût du compositeur pour la clarté de la composition,  au niveau de la perception gnérale de la forme mais aussi de chaque micro-détail, ce qui évite tout effet de brouillard sonore. Certaines séquences évoquent furtivement le jazz, ou ailleurs les rythmes complexes de Stravinsky. Si l’action sonore, la théâtralisation de la musique, n’est pas vraiment perceptible à la seule audition de l’enregistrement, on pourra cependant percevoir que, comme au théâtre, l’auteur évite creux et tunnels et fait en sorte que chaque instant soit un événement. Ce faisant, il outrepasse les limites d’une musique proposant uniquement un jeu sonore abstrait pour rendre au son son rôle représentatif et référentiel, et valoriser le geste de l’interprète, qui n’est plus un « mal nécessaire » entre le compositeur et le spectateur mais une composante fondamentale de la musique.

Pierre Jodlowski (1971)

Après des études musicales au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Lyon Pierre Jodlowski suit le cursus de composition et d’informatique musicale de l'Ircam, puis fonde le collectif éOle — en résidence à Odyssud Blagnac depuis 1998 — et le festival Novelum à Toulouse. Comme compositeur, il se produit en France et à l'étranger dans la plupart des lieux dédiés à la musique contemporaine mais également dans des circuits parallèles, ceux de la danse, du théâtre, des arts plastiques ou des les musiques électroniques, par exemple. Ses activités se déploient aujourd'hui dans de nombreux domaines, et, en périphérie de son univers musical, il travaille l'image, la programmation interactive, la mise en scène, et cherche essentiellement à questionner les rapports dynamiques des espaces scéniques. Il revendique aujourd'hui la pratique d’une musique « active » : dans sa dimension physique (gestes, énergies, espaces) comme psychologique (évocation, mémoire, dimension cinématographique). Ses œuvres sont diffusées dans les principaux lieux dédiés aux arts sonores contemporains en France, en Europe, au Canada, en Chine, à Taïwan et aux États-Unis. Il vit actuellement entre la France et la Pologne.

 Site du compositeur

Le diapason de satin

Œuvre sélectionnée : Le diapason de satin, pour 7 instruments

Durée :13’30

Année de composition : 2008

Création :  en 2008 à l’Arsenal de Metz par l’Ensemble Stravinsky, dirigé par Jean-Pierre Pinet

Interprètes : Ensemble Stravinsky, direction Jean-Pierre Pinet

Disque  : Le diapason de satin

Label Label inconnu (LI11-0601)

Plage : n° 3

Partition : Éditions Musicales Rubin


« Le diapason de satin (opus 77) se réfère à une toile peinte par l’artiste franco-américain Yves Tanguy en 1940. Le compositeur a tenté de décrire cette attirance étrange pour cette huile passablement énigmatique : « paysage lunaire ou marin, silhouettes immobiles, êtres-objets fascinants, temps suspendu, illusion, rêve, attente, infini, horizon »… D’ailleurs la composition de ce septuor — commande de l’Ensemble Stravinsky — s’inscrit dans la continuité de l’œuvre de nature concertante pour violoncelle et orchestre intitulée Horizons réflexes. Les six sections enchaînées que compte Le diapason de satin proposent une sorte de voyage onirique dans un paysage sonore où la part active de l’ombre et les sources audacieuses de lumière cohabitent pour « essayer de prolonger ce monde totalement étranger mais étrangement familier de la peinture d’Yves Tanguy ». Après avoir traversé quelques vrais/faux unissons fédérateurs, un sentiment circonstancié de solitude (d’obédience feldmannienne) point à la fin de l’œuvre au travers d’un ritardando mécanique : écoutez ce si bémol provenant des crotales couché d’abord sur un feutre satiné des vents et cordes puis nimbé de silence songeur et interrogateur, au bord du mystère ». (Pierre-Albert Castanet). 
Pour qui connaît le tableau de Tanguy (aisément trouvable sur internet), les correspondances entre l’œuvre de Lemaître sont évidentes. Le compositeur a su trouver les sons évocateurs de l’univers propre au peintre surréaliste mais aussi créer un discours musical autonome, clair et sensuel, valide en dehors de toute référence picturale.

Dominique Lemaître (1953)

« De ses études de lettres, musicologie, électroacoustique et composition, Dominique Lemaître a su élaborer une synthèse et écrire pour les formations les plus diverses : ses sept solos instrumentaux, son quatuor à cordes, ses pièces d'orchestre et d'ensemble, ses œuvres mixtes (avec dispositif électronique), ses collaborations avec des plasticiens témoignent de la diversité de son travail. Dès ses premières œuvres, où l'on sent encore l'influence de son admiration pour Bach, Debussy, Varèse, Scelsi, et les musiques extra-européennes, il a su créer un monde sonore qui n'appartient qu'à lui : musique stellaire, transparente, musique-métaphore de forces tour à tour telluriques ou diaphanes, musique qui sait allier à la douceur des subtiles tenues intemporelles de timbres magnifiquement élaborés une violence intérieure, contenue et poignante ».

Pierre Albert Castanet

La Soeur tournante

Œuvre sélectionnée : La Métamorphose : la sœur tournante

Durée : 10’48

Année de composition : 2011

Création : à l’Opéra de Lille en 2011 par Fabrice Di Falco, contre-ténor (Grégor) / Magali Léger, soprano (La Sœur de Grégor) / André Heuboer, baryton (Le Père) / Anne Mason, mezzo-soprano (La Mère) / Simon Bailey, basse (Le Fondé de pouvoir) / Julie Pasturaud, mezzo-soprano (La Femme de peine) / Simon Bailey, basse / Laurent Laberdesque, baryton / Arnaud Guillou, baryton (Les Trois Locataires) ; et l’Ensemble Ictus sous la direction de Georges-Elie Octors

Interprètes : Fabrice Di Falco - Grégor, Magali Léger - La Sœur de Grégor, André Heuboer - Le Père, Anne Mason - La Mère, Simon Bailey - Le Fondé de pouvoir, Julie Pasturaud - La Femme de peine ;  Ensemble Ictus, direction Georges-Elie Octors

Disque : La Métamorphose - Je, tu, il (prologue de Valère Novarina)

Label Æon/Outhere (AECD 1220)

Plage : n° 5

Partition : Éditions Henry Lemoine

Coproduction : Opéra de Lille, Ircam-Centre Pompidou


La Métamorphose est une adaptation d’une des plus célèbres nouvelles de Franz Kafka (1883-1924), sur un livret de Valère Novarina. Un matin Grégor Samsa, le personnage principal, un jeune homme qui vit chez ses parents,  se réveille transformé en cloporte. Dans le passage sélectionné (Madrigal 3, La sœur tournante), la sœur de Grégor va débarrasser la chambre de son frère. Le terme de madrigal fait référence à un genre musical très en vogue aux XVIe et XVIIe siècles en Italie, une pièce polyphonique sur un poème amoureux. Ici, les différents personnages (Grégor, la sœur, le père, la mère) composent effectivement une polyphonie, références également aux nombreux ensembles que comprennent les opéras des XVIIIe et XIXe siècles. Le traitement musical est évidemment différent. On sera sensible à l’utilisation de la voix, aux lents mélismes et aux glissandi vocaux qui prévalent sur la compréhension claire du texte. Malgré la référence à une nouvelle (genre narratif), le traitement du texte n’a rien de réaliste, ni de figuratif. Il ne s’agit pas de respecter la prosodie ni d’exprimer les « sentiments » des personnages mais de créer un objet sonore indépendant de toute signification, utilisant le traitement informatique de sons vocaux et instrumentaux.

Michaël Levinas (1949)

Fils du philosophe Emmanuel Levinas, élevé dans un milieu particulièrement cultivé, il se révèle un enfant précocement doué. Présenté à Marguerite Long, il travaille surtout avec Lazare-Lévy, en privé. Au Conservatoire de Paris, il sera l’élève d’Yvonne Loriod pour le piano, en cycle de perfectionnement, et d’Olivier Messiaen pour la composition. Toute sa vie sera marquée par cette complémentarité entre la composition et l’interprétation pianistique. Comme compositeur, il sera l’un des initiateurs du mouvement spectral, qui après des années de post-sérialisme dominant entendait revenir à la réalité fondamentale du son, pris dans sa globalité, et étudié avec les moyens de l’acoustique moderne. Né dans le sillage des recherches du Groupe de Recherches Musicales de l’ORTF et des travaux de Stockhausen, ce mouvement trouvera en Levinas un brillant porte-parole, et sera soutenu par l’ensemble L’Itinéraire qu’il fonde en 1973. Plus récemment, il a orienté ses recherches vers l’opéra (Gogol, 1996 ; Les Nègres, 2003 ; La Métamorphose, 2011). Son rôle capital dans la vie musicale française lui a valu d’être nommé en 1992 professeur d’analyse au Conservatoire de Paris et élu le 18 mars 2009 à l'Académie des Beaux-Arts, au siège de Jean-Louis Florentz.

Lierre

Œuvre sélectionnée :  Lierre, pour harpe et piano électrique Fender Rhodes

Durée : 4’34"

Année de composition : 2007

Création Lierre a été créé en 2007 à Montbéliard par Esther Davoust, harpe et Carole Cren, piano Fender Rhodes, membres de l’Ensemble L’Instant Donné

Interprètes : Ensemble L'Instant Donné

Disque : Outlyer

Label Césaré, Centre national de création musicale (11/11/11/1)

Plage : n° 1

Partition : inédite


Lierre, pour harpe et piano électrique Fender Rhodes, procède d’une double recherche poétique et acoustique, sans qu’il soit d’ailleurs possible de séparer l’une de l’autre. Faire cohabiter le piano électrique et la harpe, c’est opposer deux cultures, l’une solidement ancrée dans une tradition classique et aristocratique, l’autre liée à des aspects pop de la musique récente. Du point de vue acoustique, les deux instruments sont à la fois proches par les résonances et les timbres, qui s’entremêlent bien mais aussi par la différenciation des registres. On comprend dès lors le titre qui suggère un lien indestructible. Comme dans le Lai du chèvrefeuille de Marie de France, chaque instrument pourrait dire à l’autre « Ni vous sans moi, ni moi sans vous ».

Frédéric Pattar (1969)

Né à Dijon, Frédéric Pattar étudie d’abord le piano, l’accompagnement, l’écriture et la musique électroacoustique. En 1994, il intègre la classe de composition de Gilbert Amy au CNSMD de Lyon où il obtient son diplôme en 1998. Il termine ses études à l’Ircam où il suit le Cursus de composition et d’informatique musicale en 1999.

Lauréat 2005 de la Fondation André Boucourechliev, il collabore étroitement avec L’Instant Donné pour lequel il écrit de nombreuses pièces.

Frédéric Pattar porte une attention particulière à l’articulation entre musique, texte, électronique et représentation visuelle. Sa musique expose un langage très contrasté : toujours tendue, sans concession mais ne refusant pas un certain lyrisme, elle recèle une véritable intensité dramatique.

Éléments moteurs dans les œuvres de Frédéric Pattar, les flux rythmiques déferlent en vagues successives et viennent chahuter le tissu harmonique, créant des perspectives sonores aussi évidentes qu’inattendues.